Présidentielle en Côte d’Ivoire: Henriette Lagou appelle à une élection «paisible»
Le premier tour de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire se tient le samedi 25 octobre. Cinq candidats sont en lice. RFI donne la parole à chaque candidat. Jeudi 16 octobre, c'est à l'ancienne ministre Henriette Lagou, qui se présente comme une femme politique « centriste » : elle prône l’apaisement. Henriette Lagou répond aux questions de notre correspondante à Abdijan, Bineta Diagne. RFI : Henriette Lagou, vous avez démarré votre campagne par Daoukro, c'est le fief du PDCI. Ce parti n'a pas donné de consigne de vote pour cette élection. Est-ce que c'est pour vous une manière explicite de séduire l'électorat de Tidjane Thiam ? Henriette Lagou : ce n'est pas une séduction, mais ce sont des grands principes de notre société. Je suis de Daoukro. Il est important que je confie à la population de l’Iffou, de Daoukro, singulièrement cette campagne que nous entamons. Ce n'est donc pas pour aller charmer un quelconque électorat. Dans cette zone, le public est majoritairement favorable au PDCI ? Une campagne présidentielle, ce n'est pas un parti qui gagne, ce n'est pas un parti qui vote, mais c'est toute la population. Une des questions de cette élection présidentielle, c'est la participation des électeurs. Quel message adressez-vous sur le terrain aux électeurs pour qu'ils se motivent à venir voter le 25 octobre. C'est de dire que la Côte d'Ivoire est notre bien commun. À chaque élection en Côte d'Ivoire, il y a eu toujours quelques remous. Il y a eu des crises. Ce n'est pas la Côte d'Ivoire seulement, dans d'autres pays aussi ça se passe comme ça. Mais cette fois-ci, nous devons aller à ces élections-là de façon paisible. Pourquoi ? Parce que la Côte d'Ivoire a connu une grande crise et les cicatrices ne sont pas encore fermées. Et nous avons le devoir d'apaiser les populations en allant à ces élections. Comment vous positionnez-vous par rapport aux candidats à l'élection présidentielle qui, eux, ont été recalés par le Conseil constitutionnel ? Je pense notamment à l'ancien président Laurent Gbagbo. Je pense aussi au président du PDCI, Tidjane Thiam. Comment est-ce que vous vous positionnez par rapport à eux ? Je me positionne les bras ouverts pour que, en fin de compte, un président soit élu au soir du 25 octobre. J'en appelle à ces deux leaders et aussi, au-delà de ces deux leaders, à tous les candidats qui ont été recalés : que nous puissions aller paisiblement aux élections et que moi, Henriette Lagou, je suis Ivoirienne. Je suis centriste. Je suis pour l'apaisement et je les appelle à me soutenir. Vous étiez déjà candidate en 2015, vous aviez fait moins de 1 %. Aujourd'hui, qu'est-ce qui a changé ? Dix ans plus tard, comment est-ce que vous menez votre campagne face à des grosses montures, à des gros partis qui eux sont déjà sur le terrain depuis assez longtemps ? C'est vrai, je n'ai pas fait un score qui puisse attirer l'international, qui puisse attirer même le national. Mais ce qu'il faut retenir, c'est que quand j'ai pris la carte de la Côte d'Ivoire, partout, Henriette Lagou a eu une voix, deux voix. Henriette Lagou a été votée. Et ça, quand j'ai vu, j'ai dis mais voilà, je suis nationale et je peux percer l'abcès et je continue à travailler sur le terrain. En 2015, je suis allée en singleton et puis c'était pour me faire connaître en fait, parce que, à chaque élection sa stratégie. Mais aujourd'hui, je pense que j'ai les armes, j'ai l'expérience. Sans le soutien officiel des principaux partis politiques comme le PDCI, le PPA-CI, qui n'ont pas donné de consigne de vote, ça risque d'être quand même un peu compliqué ? Vous savez, les choses ne se passent pas, ici en Afrique et en Côte d'Ivoire comme ailleurs dans les pays où les consignes de vote sont suivies par des militants ou par des sympathisants. Ici, c'est tout autre chose. Voilà. Parce que quand, dans une région, vous avez des milliers de militants et que ces milliers de militants-là se retrouvent à la personne qui est candidate, je vous ai dit que les choses ne se passent pas en termes de parti politique, mais ça se passe en termes de peuple qui vote. À lire aussiPrésidentielle en Côte d’Ivoire: coup d'envoi de la campagne